- CONTI (LES)
- CONTI (LES)CONTI LESBranche cadette de la maison de Bourbon. Conti est un village de Picardie entre Amiens et Montdidier. La maison fut formée en 1551 en faveur de Louis Ier de Bourbon et s’éteignit en 1614 avec la mort de François son troisième fils. Elle fut relevée vers 1630 en faveur d’Armand de Bourbon, frère du Grand Condé, et dura jusqu’en 1814. Armand sembla d’abord se destiner à l’état ecclésiastique puis s’engagea dans la même voie que son frère dont il était très jaloux. Il vécut dans l’ombre de sa sœur la duchesse de Longueville qui l’entraîna dans l’aventure de la Fronde, contre le Grand Condé alors partisan de la Cour. Élu général de l’armée parlementaire, il intrigua un moment pour obtenir de la régente le chapeau de cardinal, puis se jeta à nouveau dans l’aventure politique. Après un stage à Vincennes où il accompagna son frère en prison, il se rapprocha du cardinal pour obtenir la place du Grand Condé qui se compromettait alors avec l’Espagne. Gouverneur de Guyenne, commandant de l’armée de Catalogne, il prit Rosas en 1654, Puycerdá et la Cerdagne en 1655. Attaché à Mazarin par un puissant lien de fidélité, il épousa sa nièce. Il vécut dans son gouvernement de Languedoc et se tourna vers le mysticisme, allant même jusqu’à écrire des traités de morale. Il protégea Molière à ses débuts, le présenta à Monsieur qui le fit connaître au roi.Son fils, Louis Armand de Bourbon, prince de Conti (1661-1685), eut une jeunesse désordonnée. Il servit brillamment en 1683 dans la campagne des Flandres, puis partit combattre les Turcs. Il mourut de la petite vérole.Le frère de ce dernier, François-Louis (1664-1709), d’abord prince de La Roche-sur-Yon, puis de Conti en 1685, fut le personnage le plus remarquable de la famille au XVIIe siècle: esprit solide, courageux, ayant reçu une éducation délicate et soignée de sa mère et du Grand Condé qui lui fit épouser sa petite-fille. Exilé par Louis XIV pour avoir écrit un peu vertement sur sa personne, il n’obtint rien du roi qui se méfiait de ce personnage trop populaire, pour son goût, à l’armée, à la Cour et dans le peuple. Il essaya, en vain, par deux fois de prendre la principauté de Neuchâtel, contre l’avis de Louis XIV, à Marie de Nemours, sœur consanguine du duc de Longueville. Pour l’écarter, Louis XIV essaya d’en faire un roi de Pologne, mais tous les talents de négociateur de Polignac et le crédit du financier Samuel Bernard ne suffirent pas pour convaincre la noblesse polonaise. Il fut élu, mais le trône était déjà occupé par l’électeur de Saxe, et il revint donc à Versailles. En 1709, le roi lui confia l’armée du Nord où Villars venait de s’illustrer, mais il mourut de la goutte.Son fils, Louis Armand, prince de Conti (1696-1727), eut la faveur de Louis XIV, qui le combla de pensions, et sut se concilier l’affection du Régent. Il servit à l’armée du Rhin sous les ordres de Villars. Saint-Simon a laissé de lui de saisissants portraits. Politiquement fidèle, farouche adversaire des parlements, il combattit le système de Law dont il contribua à la chute en spéculant et en faisant retirer d’un coup ses billets, ce qui produisit la panique puis la faillite de l’Écossais. Apprécié à la Cour pour ses talents poétiques, c’était avant tout un intellectuel. En 1713, il avait épousé la sœur du duc de Bourbon qui, lui-même, s’était allié à la sœur du prince de Conti.Son fils, Louis François de Bourbon, prince de Conti, fut le plus célèbre de la famille après son grand-père. Ses services à l’armée furent éclatants: à vingt-quatre ans, sa bravoure lui valut le commandement en chef de l’armée d’Italie. Il fit la conquête du comté de Nice en quelques jours, prit Fort-Dauphin sans artillerie et l’emporta à force d’audace et de courage. L’année suivante, il tint tête aux impériaux en Allemagne puis en Flandre. Malheureusement la gloire de Maurice de Saxe l’éclipsa quelque peu. Il abandonna l’armée et, brillant intellectuel, fréquenta les salons et reçut le Tout-Paris à l’hôtel du Temple, avec la comtesse de Boufflers. Il ambitionnait la couronne de Pologne, travailla au renversement de la politique étrangère de d’Argenson, devint le ministre secret de Louis XV. Le cardinal de Bernis et Mme de Pompadour soutinrent contre lui la dauphine. Conti, disgracié, s’enferma en 1756 dans l’opposition, fustigeant l’incapacité des généraux pendant la guerre de Sept Ans, appuyant les parlements contre Maupeou, soutenant les philosophes, accueillant notamment Rousseau. Il se piquait de libéralisme mais non pas au point d’aider Turgot qu’il poursuivit de sa hargne.Son fils, Louis François-Joseph (1734-1814), apparut comme un brillant chef de guerre à Hastembeck et à Crefeld. Soutien de Maupeou, adversaire du doublement du tiers, voulant conserver la monarchie traditionnelle, il émigra puis revint prêter serment à la Constitution de 1790. La Convention l’acquitta, lui accorda une pension à la suite de la confiscation de ses biens. Le Directoire le bannit du territoire français. Il mourut à Barcelone en refusant de suivre la politique des Bourbons.Famille princière considérable, où les intellectuels et les militaires dominent, elle fut constamment tenue à l’écart des postes politiques et militaires importants à cause de sa puissance même. Sa fortune, l’une des plus considérables de France, était constituée de biens fonciers, de rentes actives obtenues par héritage ou acquisition; elle était aussi caractérisée par la faiblesse des investissements financiers et industriels de type moderne, la dépendance vis-à-vis de la monarchie et le conservatisme de la gestion.
Encyclopédie Universelle. 2012.